(Article écrit) Chose promise, chose dûe !

Comme je vous le disais dans un article paru la semaine dernière, nous avons invité l’art à la table des Diamants noirs. Ça se passe avec Lydie da Silveira, fondatrice de la galerie d’art contemporain www.pepitesdafrique.com. Plus qu’une femme entrepreneure, j’ai rencontré une passionnée qui a à coeur la promotion de l’art proposé par les artistes contemporains africains. Et vous découvrirez en lisant notre échange à quel point nous pouvons tous impacter positivement cet art. Comme dirait l’autre, trêve de bavardage, place à la lecture. Quand vous aurez terminé, n’oubliez pas de liker, commenter et partager. Il y a tellement à dire sur le sujet que ce serait dommage de nous priver de vos réflexions. 😉

Pourrais-tu te présenter en quelques mots ?

Lydie da SILVEIRA, d’origine bénino-togolaise et j’habite en France. J’ai exercé plus de 20 ans le domaine de la finance au sein de grands comptes internationaux (Accor, Foresthill et Fitch France). Passionnée d’art contemporain, j’ai fondé en 2019 la galerie d’art Pépites d’Afrique.

De la comptabilité à la création et gestion d’une galerie d’art, il y a tout un monde … Quelle est l’histoire de Pépites d’Afrique ? Pourquoi avoir lancé cette entreprise ?

Effectivement, c’est une transition inattendue, mais qui devait fatidiquement arriver. Les passions nous portent. 

En 2018, j’ai souhaité donner un nouveau souffle à ma carrière professionnelle en me tournant vers l’entrepreneuriat. Le secteur artistique et culturel était alors une évidence. Le projet Pépites d’Afrique naît de l’envie tenace de contribuer à l’émergence des artistes africains. C’est un concept de galerie digitale dédiée à la promotion et à la vente d’œuvres d’art d’artistes issus du continent africain et de sa diaspora et à l’organisation d’événements culturels physiques. Pendant près d’un an, je suis partie à la rencontre de l’art au sein des pays africains tout en mûrissant mon projet. Mes premières pépites ainsi découvertes, Pépites d’Afrique vit le jour le 7 novembre 2019 lors d’un vernissage à Paris. 

TU as préféré le digital aux murs d’une galerie ayant pignon sur rue comme c’est traditionnellement le cas. Pourquoi ?

Lydie da Silveira nous fait découvrir pepitesdafrique.com, une galerie d'art contemporain qui présente des oeuvres d'artiste africain.
Vernissage de la galerie pepitedafrique.com – Janvier 2020

Le digital est l’avenir, la pandémie actuelle nous le confirme. Aujourd’hui, un artiste peut facilement gagner en visibilité et en notoriété grâce au digital. Notre smartphone (outil qui nous accompagne constamment) nous donne accès à des milliers d’œuvres d’art provenant du monde entier. Un voyage artistique sans prendre l’avion. Cette proximité créée, bien que virtuelle, est une réelle aubaine pour les artistes africains. Leur art se démocratise et touche des publics divers. 

L’idée serait de développer une communauté de jeunes, futurs collectionneurs africains, vivant sur le continent ou à l’étranger.

Lydie da Silveira, fondatrice de pepitedafrique.com

Un article de 2018 paru dans Le Monde Afrique (signé Babacar Mbaye Diop s’intitulait « Le vrai marché de l’art contemporain africain se trouve en occident. » Est-elle encore vraie ou il y a-t- il une évolution d’après ton expérience ?

De manière générale, le marché de l’art contemporain se trouve en Occident parce qu’il y est né. Ce constat est toujours d’actualité et vaut pour l’art dit contemporain africain. D’après mon expérience, il n’y a pas un réel changement ; Nous pouvons constater un début d’évolution. Des personnalités africaines achètent des œuvres d’artistes du continent.

Je souhaite participer à l’expansion du marché de l’art contemporain sur le continent africain. C’est l’une de mes principales ambitions.J’y travaille assidûment avec mon équipe. L’idée serait de développer une communauté de jeunes, futurs collectionneurs africains, vivant sur le continent ou à l’étranger.

Porté à son apogée, ce marché sera économiquement et culturellement impactant.

Depuis longtemps, les galeries occidentales dominent le marché de la vente d’oeuvreS d’art africain. Quelles sont, selon toi, les éléments différenciants entre une galerie détenue par les occidentaux et une autre détenue par des personnes d’origine africaine ? En quoi se distinguent – elles ?

Vernissagepepitedafrique.com
Vernissage de la galerie pepitedafrique.com – Janvier 2020

Malheureusement, nous ne savons pas apprécier nos cultures comme il se doit. C’est une triste réalité. Le marché de l’art contemporain se trouvant en Occident, il fallait céder aux exigences des galeries qui s’intéressent aux artistes africains. A mon avis, la différence se trouve principalement dans l’état d’esprit.

Je ne me suis pas lancée dans l’état d’esprit d’une business woman mais plutôt celui du service. Je suis d’abord là pour « faire la promotion de ces artistes ». Ce qui me motive, c’est de faire en sorte que ces artistes qui ont du talent soient là où se trouve le marché. Ils ne sont pas évalués de la même manière que les artistes occidentaux parce qu’ils n’ont pas l’opportunité d’être positionnés là où il faut.

D’où l’intérêt à ce que la diaspora consomme cet art parce qu’elle deviendrait actrice et partie prenante dans la création d’un marché de l’art qui la concerne directement.

Nos artistes africains souhaitent que leurs créations soient visibles et reconnues. Afin qu’ils puissent vivre de leur talent

Lydie da Silveira, fondatrice de pepitedafrique.com

Parlons des artistes, comment ont-ils accueilli ton projet sachant que tu n’es, à l’origine, pas du domaine ? Que peux-tu nous dire de leurs attentes sachant qu’ils ont bien souvent du talent mais ne vivent pas de leur passion ?

Difficilement. Tu sais, beaucoup d’artistes ne sont pas enclins à être représentés par une galerie d’art. Ils préfèrent garder une certaine indépendance. Bon nombre d’entre eux ont été déçus par des galeries « fantômes » qui ne s’investissent pas assez dans la promotion de l’artiste. Cependant, pour acheter des œuvres pour ma collection personnelle, cela les enchante plus (rires). 

J’ai dû montrer ma bonne foi : j’ai multiplié les voyages, j’ai participé aux biennales et j’ai surtout appris à les écouter et à toujours rechercher un terrain d’entente. Échanger afin de bien cerner leurs difficultés.Une fois que les incompréhensions étaient levées, la communication a été fluide. Aujourd’hui, certains artistes sont revenus sur leur refus.

Nos artistes africains souhaitent que leurs créations soient visibles et reconnues. Afin qu’ils puissent vivre de leur talent, évidemment, mais également que leurs messages puissent être entendus.

Je remarque que le prix des oeuvres n’est pas indiqué sur le site. Pourquoi ?

Nous avons fait ce choix dans un premier temps parce que nous voulions d’abord voir l’intérêt que pouvait susciter nos oeuvres sur le public, sur quels points porteraient les questions des clients. La signature de l’artiste ? Son parcours ? … Nous réfléchissons actuellement à indiquer les prix des oeuvres.

En parcourant les photos des artistes sur le site Pépites d’Afrique, on remarque qu’il y a peu de femmes. Il y a-t-il si peu de femmes dans l’art africain ou est-ce dû à un contexte social particulier ?

Dans le cas de Pépites d’Afrique, la sélection s’est imposée à moi. Je ne pense pas que cela soit lié à un contexte social africain. On constate le même phénomène en Occident. Pour pallier cela, les recommandations sont faites de manière à ce que les musées intègrent dans leur collection, dans les ouvrages d’art, des œuvres des artistes féminines.

L’art est plutôt réputé cher et réservé à une élite. Que dirais-tu à tous ceux qui n’oseraient pas s’y intéressés sous prétexte que ce serait trop cher ?

Vernissage-pepites-d'afrique
Vernissage de la galerie pepitedafrique.com – Janvier 2020

Mais il ne faut pas. De la même manière que nous nous offrons des biens de consommation comme les sacs ou vêtements de grandes marques, nous pouvons nous acheter des œuvres d’art contemporain. Par ailleurs, vous avez la possibilité de demander des facilités de paiement en nous envoyant un message. Il ne faut surtout pas se bloquer sur ce point-là. Notre projet, c’est de voir ces œuvres embellir vos maisons

De plus en plus de personnes de la diaspora se lancent dans le business avec le continent africain et se heurtent aux différences culturelles, différences de fonctionnement dans l’administration pour ne citer que ces point-là. Quel conseil leur donnerais-tu et quelles qualités pourraient être utiles à leur réussite ?

Je pense que le porteur de projet doit bien connaître sa cible, son marché et son environnement. Il ne faut pas hésiter à se faire accompagner par les incubateurs qui interagissent avec le continent africain et qui maîtrisent l’écosystème. Ils sont souvent des sources d’informations précieuses.

En ce qui concerne les qualités, la persévérance, la flexibilité et l’envie d’entreprendre seront de véritables atouts. Egalement, il est primordial de posséder une bonne capacité d’écoute pour mieux comprendre son environnement.

Le mot de la fin ?

Je tiens tout d’abord à te remercier pour cet échange fructueux et sincère. 

Je veux faire de Pépites d’Afrique une marque, une expérience artistique riche mêlant promotion de l’art, éducation et transfert de la connaissance.  Pépites d’Afrique sera au salon ArtShopping au Carrousel du Louvres non plus du 9 au 11 avril 2021 mais du 18 au 20 juin.


Merci à toi Lydie d’avoir été si prompte à partager ton expérience, à parler de ton projet. Surtout continue à nous communiquer ta passion et ton amour de l’art.

Quant à moi, je n’ai pas d’autre suggestion à vous faire que de visiter le site www.pepitesdafrique.com. Plus qu’acheter une oeuvre, vous transformerez des vies, vous valoriserez le travail d’artistes talentueux dont le travail ne demande qu’à être découvert et partager!

Afrofémininement vôtre,

Sandgidemad