Chères afroféminines ou pas, salut!

Je reviens aujourd’hui avec une réflexion intérieure que j’ai entamé il y a quelques années et qui est revenue à la UNE lorsqu’une cousine a récemment été interpellée sur ses origines ou plutôt devrais-je dire  sur « celles de ses parents ». Un tiers, connaissant manifestement ses parents l’a désigné en faisant référence à l’ethnie de ces derniers, ce à quoi elle a répondu que non seulement elle ignorait de quelle ethnie étaient ses parents mais en plus, tout cela n’avait que l’importance que l’on y accordait.
Un peu surprise de sa réaction, je lui ai demandé qui elle pensait être et elle a marmoné une réponse si vague que je n’ai rien compris. Je crois qu’elle ne s’était même jamais posée la question. Ce qui m’a perturbé ce n’est pas tant qu’elle ne se sente pas appartenir à l’ethnie de ses parents mais le fait qu’elle ne sache pas répondre à ma question.

Et vous, sauriez-vous y répondre?
Moi je le sais. Je suis autant africaine qu’européenne. Je suis née sur le continent africain, mon conjoint est né en France, mais a vécu plusieurs années sur le continent africain. Quant à nos enfants, qui sont nés et vivent en France, ils sont comme moi, européens et africains, sinon plus européens qu’africains. Comment faire pour que mes enfants ne se sentent pas perdus en matière d’identité? Il y a aujourd’hui en France un vrai besoin de répondre à la question de l’identité. C’est une question tellement complexe qu’on ne peut s’hasarder à y répondre à la « va-vite ».
Je n’ai pas les solutions ou les réponses mais voici mon point de vue.

Marcus Garvey a dit: « Un peuple qui ne connaît pas son passé, ses origines et sa culture ressemble à un arbre sans racine. » Cette citation me parle particulièrement.
Comment nos enfants pourraient-ils être bien dans leur peau si nous, parents, ne  sommes pas au clair sur la question? Pourquoi l’ignorance de ses origines serait un problème?
Charité bien ordonnée commençant par soi même, ma réponse serait la suivante: »
Je suis une femme africaine. Je suis née sur ce beau continent. Ma famille et mon éducation y puisent leur source. Mais également française parce qu’en plus de vivre en France aujourd’hui, j’ai suivi le parcours académique français à distance pendant des années. A l’école, nous étions presqu’européens tellement le contenu était tourné vers l’occident. Mais ne vous y trompez pas. Dans mon environnement familial, nous étions pour sûr Bantous avant tout ».  Cette bipolarité culturelles ne m’a pas perturbé enfant et ne perturbe pas le moins du monde l’adulte que je suis aujourd’hui.

Peut être que vous vous reconnaissez dans l’exemple de ma cousine? Si tel est le cas, je vous suggère de vous intéresser à vos origines. N’hésitez pas à questionner vos parents quand c’est possible. De quel pays viennent-ils? Quelle est leur histoire et pourquoi ont-ils quitté leur pays? Apprenez « leur(s) » langues! Cela fait partie de votre histoire, ce qui fait que vous êtes là où vous êtes aujourd’hui. Cela vous donnera une plus grande ouverture sur les autres, sur le monde qui vous entoure et à l’heure de la mondialisation, c’est un plus pour le pays dans lequel vous vivez. Imaginez le rôle que vous pourriez jouer au niveau diplomatique par votre aptitude à comprendre les codes culturels/ langues, entre 2 interlocuteurs, lors d’un sommet international? Oui, je sais, très peu s’imaginent dans ce genre de situation. C’est drôle comme nous nous interdisons de rêver! Dans les écoles, vous pourriez faciliter l’intégration de nouveaux arrivants dans leur nouvel environnement parce que vous les comprendriez…. Les exemples sont nombreux!
J’ai lu récemment un article qui parlait de la diversité au sein d’une entreprise et de ses avantages. Il y était questions d’avantages tant en terme de créativité, d’innovation qu’en terme de performance et de productivité.

Beaucoup de pays ont su tirer partie de l’apport d’autres cultures en leur sein comme les USA. Certes, la question raciale n’est pas au beau fixe, mais évoquez un Robert de Niro et tout le monde pensera: » l’américain ». Et pourtant il est né d’un père italien et a pris la nationalité italienne en 2006. Il demeure tout de même « l’américain », et son aura d’acteur rayonne pour le compte des USA. Idem pour Barack Obama dont le père était kényan. Il est avant tout le 44 ème président américain.

Si vous êtes comme moi, nés (es) ailleurs mais attachés (es) à la culture de votre pays d’adoption, vous n’êtes pas obligés (es) de renoncer à votre passé pour mieux vous intégrer. Ne privez pas votre entourage et surtout pas vos enfants du trésor que vous avez acquis. Aucune culture, aucun endroit au monde n’est foncièrement mauvais. Faites le point. Vous trouverez certainement la pierre que vous pourrez apporter à l’édifice à construire sur votre terre d’accueil. N’attendez pas que le pays dans lequel vous vivez voit d’emblée en votre double culture un avantage. Soyez le Décideur et choisissez de valoriser votre héritage. Faites en sorte que votre environnement en voit les retombées positives.
Vous ferez la fierté de vos parents et serez un modèle pour vos enfants. Des enfants au clair et en paix avec leur identité. Et si, par malheur pour votre terre d’accueil, elle ne sait ou n’arrive pas à apprécier votre trésor, j’ai la joie de vous annoncer que la Terre est dorénavant un magnifique village qui ne demande qu’à être découvert!

Afrofémininement vôtre,

Sandgidemad