Apprendre une nouvelle langue, c’est bien connu, vous donne une ouverture sur le monde. C’était l’objet d’un Monday mood il y a quelques semaines. On ouvre le bal des interviews de 2022 avec l’un de mes coups de cœur 2021, la LCS School. Fondée par Déborah et Osoko Shonda, la LCS school propose, et c’est cette particularité qui a retenu mon attention, l’apprentissage de langues africaines et occidentales. Plus qu’une école, je vous amène au pays de la reine Élisabeth, à la découverte d’un projet de couple, d’un projet de vie qui va bien au-delà de ces initiateurs. Prenez une tasse de thé ou de café et posez-vous pour découvrir ce beau projet.

1) Pourriez-vous vous présenter en quelques mots ?

Nous sommes Osoko Fredy et Déborah Shonda, co-fondateurs de Language Connect by the Shondas – LCS School. Nous sommes français, originaires de la République Démocratique du Congo. Nous sommes mariés et vivons en Angleterre ou nous y travaillons : Osoko en tant que chef de service ingénierie, Déborah en tant qu’autoentrepreneur dans la création de média et fondatrice de Angalia Uzuri Production.​

Déborah et Osoko Shonda, Fondateurs de la LCS School

2) Comment en êtes-vous venus à vous lancer dans la création d’une telle structure alors que vous n’êtes pas issus du milieu de l’enseignement ? Quels ont été les constats que vous avez faits et quel a été votre cheminement pour passer à l’action ?

Osoko : J’ai pour ma part plusieurs années d’expérience dans la soutient scolaire, l’encadrement de stagiaires ingénieur niveau BAC+5 ainsi que de doctorant. De plus, j’ai depuis mon plus jeune âge développé une passion pour les langues et leur apprentissage.

Plusieurs constats :

Vivant en Angleterre et étant en immersion en milieu anglophone, nous avons souvent reçu des demandes afin de donner des cours de français. Ainsi, au début du confinement en mars 2020, nous avons décidé de nous lancer dans la dispensation de cours de français et d’anglais comme langue étrangère en ligne par visioconférence.

Pour les francophones, nous avons fait le constat que le faible niveau d’anglais constitue souvent un frein à la progression de carrière, Pour les entrepreneurs, à l’heure de la mondialisation, il s’agit surtout d’une forte prescription. La non-maitrise de l’anglais ne permet pas de faire affaire avec des partenaires étrangers. Pour certains, il s’agit tout simplement d’avoir les bases nécessaires afin de voyager. Coté anglophone, le même constat a été effectué s’agissant du français et de l’espagnol.

Concernant les enfants, le confinement et la scolarisation à distance a généré une crainte auprès de nombreux parents quant au niveau en langues étrangères de leurs enfants. Pour beaucoup, il était question d’investir afin que leurs enfants aient toutes leurs chances dans un monde ou la connaissance d’une langue étrangère est primordiale. Ainsi, nous offrons des cours de langues européennes : français langue étrangère, anglais, espagnol et allemand.

Par ailleurs, nous avons fait un constat concernant les langues africaines. Nous souhaitons toujours avoir une dimension culturelle forte dans l’ensemble de nos activités. Malheureusement, pour beaucoup d’africains et d’afro-descendants, la connaissance de nos langues reste réduite. Beaucoup parlent peu ou pas du tout. Par conséquent, cela constitue amplifie l’éloignement avec l’Afrique et ne favorise pas des projets d’entreprenariat et/ou caritatifs sur place, voire même d’installation. Nous nous sommes donc donnés l’objectif de contribuer à la valorisation de notre culture par l’apprentissage de nos langues, en garantissant un enseignement au même niveau de qualité et de standard que les langues européennes. Nos enseignants de langues africaines doivent avoir un niveau de maitrise littéraire de la langue, pas uniquement le parler informel ou vernaculaire. Nous offrons des cours de lingala, swahili, kikongo et tshiluba.

Enfin, l’ensemble des cours n’est pas uniquement offert aux adultes mais aussi aux enfants et adolescents. Nous avons en effet constaté une faiblesse au sein de nos communautés dans la connaissance de langues africaines.

Concernant la mise en place, elle s’est faite de manière progressive :

  • Mai 2020 creation administrative de Language Connect by the Shondas – LCS School
  • Juin 2020 : Lancement des cours d’anglais et de français pour adultes, niveau débutant, intermédiaire et avancé
  • Septembre 2020 : Lancement de la section enfant et recrutement des premiers enseignants en freelance pour l’anglais et l’allemand
  • Janvier 2021 : Lancement des cours de lingala et swahili pour adultes francophones, débutants. Lancement des cours de français pour enfants. Lancement des cours d’espagnol pour enfant francophone.
  • Mai 2021 : Lancement des cours de lingala niveau intermédiaire pour anglophones
  • Octobre 2021 : Lancement du lingala niveau intermédiaire pour francophones
  • Novembre 2021 : Lancement du lingala niveau débutant pour anglophones, lancement du lingala niveau primaire pour francophones, lancement du swahili niveau primaire pour anglophones
  • Février 2022 : Lancement de l’allemand pour adultes, lancement du tshiluba niveau débutant

L’ensemble de nos cours de langues africaines se fait en groupe. En revanche, les langues européennes sont dispensées en individuel.

De plus, nous gérons nous-même l’ensemble des tâches administratives du quotidien, y compris le recrutement de nos enseignants en freelance, la création et maintenance du site internet, la gestion de nos pages sur les réseaux sociaux.

3) Quels ont été les défis que vous avez rencontrés ?

Les deux difficultés majeures ont été de trouver une personne capable de nous aider à définir le statut de l’entreprise, et trouver des enseignants en freelance, surtout pour les langues africaines tout en s’assurant qu’ils remplissent les conditions que nous avons fixées.

Notre vision est de développer cette école en ligne afin qu’elle s’inscrive comme une plateforme de référence, en particulier, pour les langues africaines

Déborah et Osoko Shonda

4) Quelle est votre vision pour votre école ? Quelles sont vos ambitions vis-à-vis de ce projet ?

Notre vision est de développer cette école en ligne afin qu’elle s’inscrive comme une plateforme de référence, en particulier, pour les langues africaines. Notre ambition à ce jour est de devenir un « one stop shop » pour l’apprentissage de langues d’Afrique centrale, d’Afrique de l’Est et d’Afrique australe, de l’enfance jusqu’à l’âge adulte.

5) Combien de langues sont enseignées via Shonda school et quelles sont les plus
plébiscitées

Actuellement, nous enseignons deux langues africaines (swahili, lingala) et allons lancer d’ici la fin mars 2022 deux autres (tshiluba, kikongo). Nous enseignons également 4 langues européennes (anglais, allemand, espagnol, français langue étrangère). A ce jour, les langues les plus plébiscitées sont l’anglais et le lingala.

6) Parlons des langues africaines en particulier, il y a de plus de plus de centres de formation d’apprentissage en ligne. Pensez-vous que ce soit un effet de mode ? Une envie de découverte ? Une quête identitaire ? Une nécessité professionnelle ?

Il existe en effet de plus en plus de centres de formation d’apprentissage en ligne de langues africaines. Nous pensons que c’est lié à un élan ou sursaut culturel pour beaucoup. La période de confinement a aussi poussé beaucoup d’Africains à revoir leur vision de l’Afrique et considérer le continent comme un cadre de vie et/ou d’affaire. Il faut développer les compétences linguistiques dans une démarche de quête identitaire. Pour notre part, nous voulons principalement offrir l’opportunité de développer les compétences linguistiques de manière approfondie, amener les étudiants à parler couramment et non seulement se limiter à la découverte des bases. De plus, il est important, dans un but d’assurer une transmission intergénérationnelle, d’assurer une offre d’apprentissage en ligne pour les enfants et adolescents.

7) Sur le même sujet (les langues africaines), elles sont bien plus souvent parlées qu’écrites et souvent principalement transmises dans le cadre familial. Quels leviers pourrait-on actionner pour les faire connaître encore plus, au même titre que l’anglais et le français ?

Malheureusement, la transmission dans le cadre familiale a fortement diminué au fil du temps. Beaucoup d’africains nés en Europe comprennent bien, voire parfaitement, leurs langues maternelles mais les parlent peu, voire pas du tout. Il faut donc les revaloriser et leur donner le même niveau de considération que l’anglais ou le français, effacer la perception selon laquelle ce sont des langues pauvres (souvent appelées dialectes) alors que la plupart des autres langues sont considérées comme des langues à part entière. C’est la raison pour laquelle nous avons décidé de travailler avec des enseignants expérimentés, qui tiennent compte de l’évolution de la langue. Les étudiants de niveau intermédiaire abordent ainsi des thématiques de la vie courante et ont la démonstration que le recours aux langues européennes n’est pas une nécessité. Profitons des anciens, tant que nous en avons encore parmi nous, afin de récupérer ce bagage intellectuel et culturel.

8) On lit/ entend de plus en plus de personnes évoquer la possibilité d’utiliser les langues africaines (Swahili, Yoruba etc…) pour les échanges commerciaux, politiques ou culturels sur le continent africain. Quel est votre opinion sur ce point ?

Vouloir imposer un nombre très réduit de langues pour l’ensemble du continent est une utopie. Il suffit de regarder la superficie réelle du continent et le nombre d’habitants. Pourrait-on imaginer un jour une seule langue pour toute l’Europe ? De plus, on a tendance à oublier qu’il existait à l’époque précoloniale d’importantes activités commerciales. L’Homme africain a toujours su s’adapter et intégrer le multilinguisme dans son mode de vie. Il s’agit pour moi d’appliquer ce même principe de fonctionnement car effacer une langue c’est supprimer son patrimoine culturel. Ce n’est pas parce qu’un tel a fait unifier par langue que forcément c’est la formule à suivre pour nous. Bien évidement certaines langues seront plus utilisées que d’autres. Cependant, ce serait une erreur de considérer la multitude de langues comme un handicap ou un frein au développement. Au contraire, travaillons plutôt à développer notre propre modèle.

9) Le mot de la fin ?

Notre projet a pris beaucoup d’ampleur en peu de temps. Nous espérons que cette offre de cours de langues permettra à beaucoup d’avoir des compétences utiles au développement professionnels et personnels. C’est aussi pour beaucoup l’opportunité de diversifier leurs sources de revenus en assurant l’enseignement de langues en freelance.


Du swahili à l’espagnol, en passant par le français, la LCS School est, selon moi,  un lieu d’apprentissage de l’autre au travers de la langue, un lieu de valorisation culturelle qui ne sépare pas mais qui, bien au contraire, crée des ponts entre des mondes, voire entre des gens. Merci à Déborah et Osoko pour ce bel échange.

Afrofemininement vôtre,

Sandgidemad

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